Dans le contexte actuel de crise agricole, la fin des récoltes montre que les rendements et/ou les prix ne sont pas toujours suffisants pour permettre aux exploitants de vivre de leur travail. En ces temps difficiles, il est délicat de parler de vacances et de qualité de vie, pourtant nécessaires à la lutte contre le mal-être dont les exploitants peuvent être victimes. Depuis le printemps dernier, la MSA et le service de remplacement se mobilisent pour lutter contre l’épuisement professionnel des agriculteurs alsaciens.

Depuis plusieurs années, un nombre croissant d’exploitants agricoles subissent des crises successives. A la fois structurelles et conjoncturelles, elles se traduisent par une dégradation de leur situation financière. Cette dernière engendre des situations de stress et de détresse sociale.

La MSA a été identifiée par les Pouvoirs Publics comme étant l’interlocuteur privilégié pour coordonner l’accompagnement des agriculteurs en difficulté en collaboration avec tous les acteurs du secteur agricole (service de remplacement, chambre de l’agriculture, OPA…).

Bien que les modes de vie aient évolué, le statut d’indépendant des agriculteurs les empêche de couper avec leur activité et de s’accorder un repos essentiel. Prendre un temps de répit est pourtant une nécessité pour prendre soin de soi, de sa famille mais aussi pour prendre du recul et réfléchir sur son organisation. Consciente de ces enjeux, la MSA d’Alsace a décidé de financer le remplacement des exploitants en situation de burn out.

A ce jour, seule une quarantaine d’exploitants ont bénéficié de cette aide. Les accompagnateurs sociaux ayant proposé ces actions ont souvent du faire face à des refus. Les réponses récurrentes étant : « Je n’ai pas le temps », « ce n’est pas le moment », « que vont penser les voisins ? » ou encore « comment je vais payer des vacances alors que je ne paye pas mes factures ? ». Face à ces interrogations, le service de remplacement a veillé à rassurer au mieux les exploitants. Une solution a toujours pu être trouvée pour mettre à disposition des agriculteurs un remplaçant disponible et qualifié.

Il est encore possible de bénéficier de ce type d’accompagnement. Tout exploitant intéressé peut prendre contact avec un accompagnateur social de la MSA pour avoir plus de renseignements.

Les coordonnées du Service de Remplacement du Haut-Rhin :

Céline MAIOLINO au 03.89.22.28.30 ou 06.26.34.50.39

L’aide au répit en détails

Témoignage de Christian*, exploitant agricole

« Nous avons une exploitation en polyculture-élevage. Avec la crise actuelle, nous avons rencontré de nombreuses difficultés. J’ai demandé un rendez vous avec Colette Biévelot, accompagnatrice sociale de la MSA qui nous a mis en relation avec Manon Weil chargée de l’aide au départ en vacances.

On a discuté ensemble de notre projet de vacances. Préférant la mer, on a trouvé un lieu pas trop cher en Bretagne et nous sommes partis 8 jours.

Manon Weil a pris le premier contact avec le service de remplacement. Au début, ils ont eu du mal à avoir quelqu’un et puis en fin de compte, ils ont réussi à nous trouver un salarié pour nous remplacer. Il est passé à la ferme la veille du départ pour voir comment on fonctionnait et tout s’est bien déroulé.

L’aide de la MSA a été une bonne chose. On ne serait pas partis si loin et aussi longtemps sans cette aide. Elle nous a permis de nous retrouver en famille. C’est le seul moment de l’année où j’ai pu profiter de mes enfants. Le reste de l’année, mon esprit est occupé par mon travail. Tous les jours, on a tellement la tête dans le guidon que l’on ne voit que le goudron noir. Ces vacances ont été un véritable rayon de soleil.»

*  Le prénom a été changé pour respecter l’anonymat de l’exploitant.

Témoignage de Manon Weil, accompagnatrice sociale de la MSA d’Alsace :

« Dans le cadre de l'aide au répit, j'ai été en contact avec 32 familles. 19 projets ont été mis en place (vacances, sorties en famille, loisirs...). Parmi les exploitants qui n'ont pas souhaité utiliser ce dispositif, différents motifs ont été évoqués : problèmes financiers, pression familiale de la part des aînés, refus d'être accompagné par un travailleur social ou de bénéficier d'une aide, culpabilité...

L'aide au répit ne permet pas de régler les difficultés rencontrées sur l'exploitation mais elle est nécessaire pour prendre du recul et lâcher prise dans un contexte de crise agricole. C'est aussi un premier encrage dans la famille pour le travailleur social qui pourra ensuite enclencher un accompagnement personnalisé (difficultés de santé, financières, familiales...).

S'il est parfois difficile de mettre en œuvre le projet répit, les témoignages reçus  ont tous été très positifs aussi bien pour le bien-être de l'exploitant que pour celui de sa famille. Nous restons à l'écoute des demandes. La fin des récoltes va peut-être motiver certaines familles pour partir durant l'arrière saison. »