Congrès national pour une année internationale

48ème Congrès de Jeunes Agriculteurs

Congrès National pour une année internationale

Plus de 700 congressistes se sont retrouvés du 3 au 5 juin à Saint Brieuc dans les Côtes d’Armor (22), à l’occasion du 48ème congrès du syndicat des Jeunes Agriculteurs. Année élective pour la structure mais également Année Internationale de l’Agriculture Familiale déclarée par l’Organisation des Nations Unies ce congrès, via notamment le rapport d’orientation, a permis de donner de nouvelles perspectives et de nouvelles échelles de travail aux jeunes agriculteurs.

« JA, une cathédrale en construction »

L’ouverture officielle du congrès a débuté par le discours très attendu de François Thabuis président JA National  en vu de la fin, quelque peu mouvementée, du mandat de l’équipe nationale

C’est en rappelant les bases et le travail du syndicat qu’il a ouvert son allocution « Nous sommes un syndicat d’hommes et de femmes qui feront l’agriculture de demain mais pas n’importe laquelle ». C’est peu dire que l’équipe nationale durant deux ans a eu fort à faire. Entre le délicat débat sur la Politique Agricole Commune (PAC), le projet de RésoRGAnisation, les élections chambres, les assises de l’installation, la loi d’avenir, les revendications sur le prix du lait et de la viande, le mandat n’a pas été de tout repos.

Pour autant François Thabuis insiste sur le fait que « Jeunes Agriculteurs est une cathédrale qui se construit petit à petit. Il importe que tout le monde se consacre à apporter une pièce de plus à l’édifice et à ne pas en enlever une pendant la nuit ». À l’heure du bilan, le président répète que, « la PAC 2014-2020 n’est pas la PAC dont JA avait rêvé. Cependant, elle est l’objet d’un consensus  dont il ne faut pas oublier les avancées obtenues ». Ainsi, la reconnaissance des GAEC au niveau de l’Union Européenne et donc des actifs utilisant cette forme sociétaire est une première marche importante que JA a permis de gravir. La seconde marche est sur le point d’être franchie grâce à la loi d’avenir qui se dessine actuellement. En effet, elle tend à instaurer un registre de l’agriculture qui permettra de reconnaître tous les actifs peu importe le type de société choisie via l’utilisation d’un critère basé sur la Production Brut Standard. Ce registre permettra de décider qui pourra bénéficier des aides financières de la PAC. 

Un autre défi de long terme, et non des moindres, a commencé a être porté par l’équipe nationale : la distribution collective. Ce vaste thème fait référence tant à l’installation qu’à la notion de revenu, de fixation des prix et à des enjeux d’alimentation des populations. Ce projet trouvera plusieurs écho dès 2014 via l’Année Internationale de l’Agriculture Familiale, et le début de mise en œuvre du projet Agri’Distrib.

Pour son dernier discours en tant que président national, François Thabuis a conclu en indiquant que « l’équipe nationale s’était fixée un cap, qu’elle s’est efforcée de conserver, malgré les agitations et les différences entre le réseau ainé et JA. C’est une très belle aventure qui me marquera.  Je pars serein, confiant. La nouvelle équipe a tout en main pour poursuivre la construction de la cathédrale ».

Les évènements phare du réseau

A l’image du mandat de l’équipe nationale sortante, 2014 est une année particulièrement chargée pour le réseau avec notamment l’Année Internationale de l’Agriculture Familiale (AIAF) et les Terres de Jim. Pour impliquer le réseau dans son ensemble, une présentation des événements a été faite lors du congrès.

2014 a été proclamé Année Internationale de l’Agriculture Familiale par l’Assemblée Générale des Nations Unies. En France, le Ministère de l’Agriculture a délégué le soin à JA de porter ce sujet en collaboration avec le réseau Agriculteurs Français et Développement International (AFDI).

Tout en permettant de rehausser l’image de l’agriculture familiale, l’AIAF ouvre également le débat sur des questions de sécurité alimentaire, de nutrition et de gestion des ressources naturelles. Des défis auxquels tant les agriculteurs issus des pays développés que ceux issus des pays en voie développement sont confrontés tous les jours. Pour François Thabuis « notre agriculture sera le choix des hommes. C’est une vision que notre syndicat peut et pourra porter ».

Pour montrer cet engagement, un sommet mondial JA/AFDI sera organisé le 4 septembre, en parallèle de la Finale Mondiale de Labour. Ce sera l’occasion de fédérer l’ensemble des organisations jeunes agriculteurs et de diffuser les revendications, rédigées dans un manifeste. Ce dernier abordera notamment des points liés tant à l’accompagnement à l’installation, qu’à la promotion du métier.

Le second événement, qui mobilise peut être davantage et plus largement le réseau, est les « Terres de Jim », la nouvelle marque des traditionnelles Finales Nationales de Labour. Son lancement sera effectué à l’occasion de la Finale Mondiale de Labour, qui se tiendra du 4 au 7 septembre, en Gironde à Saint Jean d’Illac. Pour Delphine Mallet, présidente du Comité de Pilotage des Terres de Jim, « après chaque événement organisé par JA depuis 60ans, nous sommes toujours ressortis fiers de notre réalisation. Cette année, c’est l’occasion de voir les choses de manière encore plus grande ». Et en effet, une fois la présentation faite, on est impatient de voir ce qui attend les visiteurs ! 250 000 visiteurs envisagés, 2 500 bénévoles mobilisés, 300 hectares de terrain et de nombreuses animations originales telles qu’ une carte de France végétalisée, un labyrinthe de maïs, le concours national de race bazadaise, l’espace enfants, le pôle sport et bien sur les finales de labours. « C’est un ensemble d’animations diverses et variées qui attendent les visiteurs » complète Franck Vergez président du Comité d’Organisation.

Mais l’événement sera également assuré par les 23 régions de France qui se mobilisent depuis plus d’un an pour mettre en place les « Halles de Jim », un espace de vente éphémère des produits issus de chaque région. Comités d’organisations, groupes de travail, contact avec les partenaires : dans chaque région une équipe s’affaire pour mobiliser, faire parler du projet et assurer la représentation de leur terroir à Bordeaux. En outre certaines régions, dont l’Alsace, assureront un stand de restauration rapide pendant les quatre jours de la manifestation. Au menu ? Tartes flambées et kouglopfs glacés !  Pour Didier Braun, Président des JA d’Alsace « les Halles de Jim est un projet phare pour le réseau. Faire travailler les régions ensemble est parfois complexe, mais nous sommes prêts à relever le défi ! ». 

Le choix des hommes

L’autre moment phare du congrès a été, comme chaque année, le rapport d’orientation rédigé sur le thème « Une seule agriculture, celle des Hommes ». Pendant plus de sept heures, le réseau a défendu ses arguments auprès de l’équipe nationale et des trois rapporteurs. Le rapport pose une question essentielle, celle du modèle agricole qui répondra le mieux, demain, aux attentes des agriculteurs et des consommateurs. Pour Stéphane Lecoq, rapporteur, « l’ONU a impulsé la dimension internationale du rapport. En tenir compte lors de l’écriture nous a offert une ouverture d’esprit et le besoin de bien faire attention de quoi on parle et à quelle échelle ». Les régions, lors des discours des président ont bien ressenti et exprimé cette ambivalence. Ainsi pour Benoit Juhles et la région Auvergne « c’est un rapport qui pousse à voir plus loin que le bout de son nez » tandis que pour Dider Braun la région Alsace « ce que nous reprochons c’est de ne pas avoir abordé la vision de fond sur ce que veulent les JA dans les filières et les productions ». Dans tous les cas pour le président de la région Midi Pyrénées, Lilian Lasserre « qui peut dire, mieux que JA, qui pourra faire l’agriculture de demain ? ». Le ton été donné.

Le rapport ne tranche pas la question du modèle agricole mais en listant les différents modèles d’exploitation et les conditions du succès de l’installation il propose des pistes de réponses sous l’angle de quatre axes de travail : permettre l’installation, et le renouvellement, assurer un revenu aux exploitations en place, répondre aux enjeux alimentaires de la planète et affirmer la double performance économique et écologique. 

Installation, agriculteur actif, PAC, foncier, transmission, tous les thèmes portés par Jeunes Agriculteurs ont donc été abordés dans ce rapport, parfois décrié comme pas assez opérationnel. La région Limousin est allée jusqu’à demander si « le rapport d’orientation est encore le bon outil pour défendre les positions du syndicat ». Dans tous les cas, avec 157 amendements déposés par les régions dont 7 par les JA d’Alsace, les régions avaient matière à s’exprimer.

La notions d’agrandissement et de mécanisation a fait débat. Pour Philippe Boehmler, secrétaire général adjoint de JA 67 « dans un rapport jeune, on ne peut pas afficher dans un rapport jeune qu’on est contre l’agrandissement dans un contexte où il y a de moins en moins d’exploitants. Les jeunes investissent et ont besoin d’avoir des vrais outils de travail efficients sans pour autant tomber dans la sur-mécanisation et augmenter les risques pour les banques ». Guillaume Cognat, rapporteur craint quant à lui que « soutenir l’agrandissement dans le cadre de la transmission soit une porte ouverte à le reprise d’exploitation par des fonds de pension ».

Le débat s’est ensuite déplacé sur le plan de la formation avec la volonté de Thomas Gillig, SGA JA 67 d’insérer un point concernant les salariés qualifiés puisque « les salariés d’aujourd’hui sont les installés de demain ». Didier Braun, Président des JA 67 « regrette cette tendance de fond, présente dans le rapport, à vouloir installer tous les projets et tous les publics, au détriment et en contradiction parfois avec les messages de professionnalisation de notre métier ».

La partie concernant l’actif et la mise en place d’un registre a également retenue longuement l’attention des congressistes. Didier Braun fait remarquer que « sur la loi d’avenir JA a donné le timing a la FNSEA et à l’APCA ». Thomas Obrecht, président JA 68 félicite le travail de lobbying incité par la structure national auprès des députés et des sénateurs. « Ce travail ne doit pas rester vain maintenant. La transparence PAC obtenue à travers le GAEC au niveau européen est une étape dont nous ne devons pas nous contenter. La loi d’avenir, dans sa seconde lecture nous offre encore une fois la possibilité de mobiliser nos élus ».  

Vers les 1h30 du matin, l’ensemble des amendements avaient été examinés et le rapport finalement adopté.

Marie Schmidt - JA Alsace

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